Featured image of post 🎮 Indika : Un jeu vidéo pour libre penseur

🎮 Indika : Un jeu vidéo pour libre penseur

Fiche du jeux-vidéo

  • Titre :Indika
  • Développeur : Odd Meter
  • Genre : Jeux-vidéo indépendant
  • Public : Joueur militant
  • Notes de recommandation : 7/10

Résumé

C'est la première fois que je parles ici de jeux vidéo, Indika a quelque chose d'inhabituel pour ce média: il traite spécifiquement du rejet de l’Église Orthodoxe et remet en question la foi de ses protagonistes. En un mot, c'est un jeu vidéo d’athée, ou au moins de libre penseur.

Son créateur, Diminitry Svetlow a régulièrement prit des positions contre l'Église Orthodoxe et contre la guerre en Ukraine, s'attirant évidement les foudres des sbires de poutine. Inquiété par ces prises de positions, 10 des 14 membres du studio (Odd Metter) ont dû fuir la Russie pour terminer leur jeu au Kazakhstan où l'ambiance est plus clémente.

Dans une interview pour Polygon.com Svetlow à déclaré : "L'église orthodoxe de Russie est une arme de la propagande Russe […] Depuis leur églises, ils disent aux peuples `Vous devez aller en Ukraine pour les tuer, vous devez mourir pour votre pays !`. Vous le croyez ? Une église - une église chrétienne !"

Le jeu est publié par le groupe Polonais "11 bit studio", eux-même à l'origine des jeux vidéo anti-guerre "This war of mine" et du jeu très écologiste "Frostpunk".

Dans Indika vous incarnez une nonne dans un monastère de la fin du 19e siècle qui vit sous les brimades de la sœur principale qui vous envoie faire des tâches ingrates dans la neige russe. Votre première tâche sera de remplir un tonneau d'eau en faisant des aller-retour au puits. Un moment lent et ennuyant qui se terminera par le renversement de ce tonneau d'eau sous les moqueries. Dès les premières minutes l'atmosphère est pesante, déprimante mais parsemée de pointes d'hallucinations. Par exemple, il sort des lilliputiens en pyjamas de la bouche de la mère supérieure et le diable - qui vous parle - se rit de vos vos prières… Très vite, les religieuses vous demandent d'apporter une lettre à un prêtre, mais en chemin vous allez rencontrer Ilya, un fugitif avec qui vous allez partager une grande partie du voyage.

Avec le diable et le fugitif, votre héroïne entamera un dialogue continu sur les différents thèmes religieux : le libre arbitre, le jugement, la question de l'âme, l'intérêt du dévouement, la sexualité, la violence religieux, la croyance au miracle etc…

Le jeu est un "walking simulator" parsemé de phases de plateforme et d'énigmes. En bon français, ce jeu est un jeu de balade dans sur un chemin déjà tracé où vont s'enchaîner des phases de saut et des mini-jeu de casses têtes divers. Entre deux scènes de dialogue vous aurez des énigmes à résoudre et des passages du jeu à la 2D. Intelligemment, les énigmes vous poussent à vous questionner, à remettre en questions les prétendues évidences comme un écho au travail spirituel de la protagoniste. Les passages en 2D - style typique des jeux vidéo des années 90 - eux - servent à vous raconter le passé de l'héroïne. Vous apprenez plus sur le passé de l'héroïne et pourquoi elle est entrée dans ce monastère.

Avec malice, le jeu sait aussi vous perdre sur ses propres codes : tout au long du périples vous allez ramasser des objets qui vont vous permettre de gagner des points… Habituellement, dans le jeu-vidéo, ces points vous permettent d' améliorer les statistiques de votre héros (force, défense, niveau de magie..). Ici, vous pouvez améliorer votre personnage… mais le diable vous dit que cela ne sert à rien et rit de vous à chaque fois que vous le faites. Et, effectivement, ces "points" et ces "améliorations" ne servent strictement à rien dans ce jeu !

Au-delà de la critique féroce de ce christianisme orthodoxe, on retiendra surtout cette ambiance Russe à la Dostoïevski Des paysages enneigés magnifiques, des personnages tous fous et malsains au possible, le tout sous fond d'histoires glauques. A cela vient s'ajouter des pointes de surréalisme comme la déambulation entre des poissons de 4m de long dans l'usine de caviar ou le déplacement d'énormes aqueducs à l'aide d'une grue pour se frayer un passage.

On à ici à un jeu vidéo indépendant au parti pris fort (dans le monde du cinéma, on parlerait de "cinéma d'auteur"), techniquement, le jeu est accessible à des nouveaux joueurs. Humainement les réflexions sur la religions et les scènes de viole le destine à un public adulte.

Indika est un ovni dans le monde du jeu-vidéo, une excellente surprise pour un militant libre penseur et une dose de poésie surréaliste. Il pousse ses joueurs à interroger leur dogmes aussi bien religieux que vidéoludiques.

En fin de partie, après avoir bouffé des tonnes d'icônes saintes, de passages de la bible odieux et autres bondieuseries tout au long de l'aventure, l'héroïne passe par une imprimerie où se trouve un grand imprimé de Karl Marx. Comme un dernier clin d'œil.

Le jeu fonctionne sous PC et sur Playstation 5, il se termine en 5h heure environ et est vendu au prix de 25 euros sur la plateforme Steam.

comments powered by Disqus
Généré avec Hugo
Thème Stack conçu par Jimmy